Historique

Les rois maudits, La Louve de France – Maurice Druon

Les rois maudits - La louve de France Maurice Druon

Note: 18/20

Charles IV, le dernier fils de Philippe Le Bel est sur le trône après la mort de son frère, Philippe Le Long qui n’a pas eu le temps d’atteindre 30 ans. Pendant ce temps-là, en Angleterre, le roi Edouard II dirige le pays malgré la révolte quelques années auparavant de certains de ses barons. La raison de ce soulèvement? Le favori du roi, Hugues le Despenser et sa famille, qui dilapident le trésor royal et humilient la reine, Isabelle, fille de Philippe Le Bel. La plupart de ces barons ont été matés et emprisonnés, mais l’un d’entre eux, Roger Mortimer, parvient à s’échapper et s’enfuit vers la France où il espère être bien accueilli et soutenu par la France pour reconquérir l’Angleterre et se débarrasser de la famille Le Despenser.

Changement de décor pour ce tome, qui se passe la plupart du temps en Angleterre et qui se concentre davantage sur le personnage et le rôle d’Isabelle, fille de Philippe Le Bel et épouse d’Edouard II d’Angleterre. Ce changement est très intéressant.

On passe de la cour française à la cour anglaise où Isabelle doit supporter sa vie quelque peu misérable avec un mari qui, non content de vivre son homosexualité au grand jour, méprise et humilie sa femme, vole sa fortune et ses terres pour les offrir à son favori. Le personnage d’Isabelle est fascinant. Elle est déjà apparue précédemment lors de l’affaire de la tour de Nesle qui a causé l’emprisonnement de ses belles-sœurs et la mort de l’une d’elles. Pour rappel, Isabelle a dénoncé auprès de son père, le roi Philippe Le Bel, l’infidélité des épouses de deux de ses frères, les futurs Louis X et Charles IV. Elle est apparue alors comme une femme froide, aigrie et impitoyable malgré son jeune âge. Dans ce tome, on la voit sous un autre angle, davantage comme une victime. De plus, son personnage évolue. En effet, elle s’était montrée sans pitié face aux épouses de ses frères qui ont trompé leur mari, mais dans ce tome, elle devient elle-même la maîtresse de Roger Mortimer, et commet ainsi le péché qu’elle avait dénoncé avant tant d’énergie des années auparavant. Je ne sais pas si dans la réalité elle a regretté cette dénonciation après coup, mais dans cette histoire, son personnage montre un peu plus d’indulgence pour ses belle-sœurs.

Un point qui m’avait frustrée dans le tome précédent: l’histoire d’amour de Guccio, le neveu d’un banquier lombard, et de Marie de Cressay. Malheureusement, c’est toujours le cas dans ce tome où le destin tragique de Marie de Cressay me touche toujours autant.

Un bémol que je mettrais à ce tome est la violence qui est bien plus présente et décrite de manière très (trop) détaillée par rapport aux tomes précédents. Je le regrette un peu car même si elle donne un aspect réaliste au récit, je ne trouve pas forcément nécessaire d’entrer dans le détail de chaque crime. J’ai été franchement rebutée par les détails de l’exécution et de l’assassinat de certains personnages importants. J’ai d’ailleurs dû sauter quelques paragraphes. Il faut dire qu’à l’époque il fallait avoir le cœur bien accroché pour assister à ces exécutions. Cela m’a vraiment rappelé Game of Thrones. La violence extrême étant la raison pour laquelle j’ai été obligée d’arrêter cette série que j’ai beaucoup aimée par ailleurs.

Malgré ce léger bémol, c’est une très bonne suite, qui a le mérite de s’intéresser à l’histoire d’une femme qui a une position très particulière, ayant un lien en France et un lien en Angleterre et qui aura une responsabilité immense dans la guerre de Cent Ans, même si elle n’en est pas consciente à ce moment-là.

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