Historique

Retour à Whitechapel – Michel Moatti

Retour à Whitechapel Michel Moatti

Note: 17/20

Septembre 1941, Londres. Amelia Pritlowe est infirmière au London Hospital. Lorsque son père meurt, il lui laisse une lettre lui dévoilant l’identité de sa mère: Mary Jane Kelly, la dernière victime de Jack l’Eventreur. Elle va alors se lancer à la recherche du tueur, en entrant dans un groupe de passionnés, la Filebox Society, qui a collecté et répertorié une masse d’informations gigantesques sur ces meurtres.

Certes, le sujet de Jack l’éventreur n’est pas original, et a donné lieu à un nombre considérable de romans. L’originalité de celui-ci est que l’on passe de l’époque des crimes, avec le point de vue de chaque victime, à l’époque de la fille fictive de Mary Jane Kelly, soit 1941, pendant les bombardements de Londres.

Je trouve que la plus grande réussite de ce livre est de parvenir à décrire avec une grande précision la vie de ces femmes assassinées. Une vie qui était franchement misérable, mais l’auteur rend à ces femmes une humanité qu’elles ont perdues depuis longtemps, puisqu’elles ne sont généralement décrites que comme les victimes de Jack. C’est extrêmement touchant de les voir dans leur vie quotidienne avant le crime, de se mettre dans leur peau, deviner leurs pensées. L’auteur a fait un excellent choix en racontant les différents meurtres du point de vue de chaque victime.

Normalement je ne suis pas très fan lorsque l’auteur fait de très nombreux allers retours entre l’époque actuelle et le passé, mais dans ce cas précis, j’ai beaucoup apprécié, car cela maintient fortement le suspens, et nous plonge véritablement dans le Londres de l’époque, dans ces quartiers très pauvres, laissés presque à l’abandon, où règne la criminalité. L’auteur s’est très bien documenté car les quartiers en question, comme Whitechapel, sont décrits de manière extrêmement précise et détaillée. J’ai d’ailleurs trouvé une courte vidéo de l’auteur qui explique l’origine de son roman: https://www.dailymotion.com/video/xxitxl

Lorsque l’auteur a publié son roman, l’identité du tueur était toujours un mystère. Il il a donc dû choisir une piste, qui me semble plutôt intéressante et ayant une certaine crédibilité. De nombreuses hypothèses et rumeurs ont été avancées, depuis le complot royal jusqu’à la piste du peintre Walter Sickert en passant par des dizaines d’autres suspects. Récemment, une étude a été publiée démontrant la soi-disant culpabilité d’Aaron Kosminski sur la base d’une preuve ADN retrouvée sur un châle qui aurait appartenu à Catherine Eddowes. Néanmoins, il semblerait que cette preuve ne soit pas aussi sérieuse qu’on le dit:
https://www.francetvinfo.fr/monde/royaume-uni/jack-l-eventreur-enfin-identifie-on-vous-explique-pourquoi-cette-nouvelle-etude-ne-prouve-rien_3245105.html

Il est fort probable que l’on ne connaîtra jamais avec certitude l’identité du tueur, et c’est peut-être mieux ainsi, car après tout, ce mystère a fourni une excellente opportunité aux romanciers de redonner vie aux personnes impliquées, d’explorer de multiples pistes et de raconter les faits de diverses manières. Le mystère a ouvert la porte à la fiction et à l’imagination, et il serait presque dommage de la refermer maintenant.
En ce qui concerne Retour à Whitechapel, je ne peux que vous conseiller sa lecture. L’histoire possède un aspect original et offre une belle reconstitution du Londres de l’époque et de la vie des victimes de Jack l’éventreur.

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